Les différents duos pour un pianiste, composés par Jean-Claude Risset, ont été créés au cours de deux sessions. La première date de 1989 et il nomme ces études Duo pour un pianiste : huit esquisses pour piano MIDI et ordinateur (Duet for one pianist - eight sketches for MIDI piano and computer 1989 MIT with the Max Program). Le titre de chaque pièce fait référence à l’opération interactive mise en œuvre.
Double. Le pianiste joue seul, puis à la reprise l’ordinateur ajoute des ornements. Ces ornements pré-enregistrés interviennent quand le pianiste joue certaines notes ; leur tempo peut être influencé par celui du pianiste.
Miroirs. À chaque note jouée par le pianiste répond la note symétrique par rapport à une certaine note du clavier (procédé utilisé dans la seconde Variation op. 27 de Webern, citée au début et à la fin). Les centres de symétrie et les retards de réponse varient au cours de la pièce.
Extensions. Aux arpèges joués par le pianiste, l’ordinateur ajoute des arpèges transposés.
Fractals. À chaque note jouée, l’ordinateur ajoute cinq notes espacées d’une octave altérée. Les mélodies jouées par le pianiste sont étrangement distordues : une montée d’une octave est perçue comme une descente d’un demi-ton.
Agrandissements. Comme dans Extensions, l’ordinateur ajoute des notes, mais les intervalles sont non pas transposés, mais agrandis dans des rapports allant de 1,3 à 2,7.
Métronomes. Au début, l’ordinateur répond en canon, sur des hauteurs transposées et à des tempos plus rapides. Puis il joue simultanément plusieurs séquences à des tempos différents. Enfin il répète les mêmes hauteurs, à des tempos différents, soit établis à l’avance, soit décidés par le pianiste.
Up-down. Des arpèges d’octaves altérées sont déclenchés par le pianiste, qui voit ses notes proliférer. Le tempo des arpèges est établi d’abord par le tempo du pianiste, puis par la note qu’il joue, enfin par l’intensité du jeu.
Résonances. Au début et à la fin, l’ordinateur tient de longs accords. Dans la section médiane, le pianiste joue des accords muets : les cordes sont mises en résonance par les séquences jouées par l’ordinateur.
La seconde session date de 1991 et Risset l’intitule Trois études en duo. Le principe et le dispositif restent identiques à la première session. Cependant, il symbolise les opérations utilisées dans ces études par des références à des personnages tirés de la mythologie grecque.
Echo. L’ordinateur fait écho au pianiste, mais il ne s’agit pas d’une simple répétition : les échos sont transposés en hauteur et en tempo, et ils interviennent avec des retards variés. Cette étude tire parti des résonances sur la table d’harmonie des notes jouées par le pianiste aussi bien que par son partenaire virtuel.
Narcisse. Ici la relation s’apparente à la réflexion par un miroir : les intervalles mélodiques sont renversés – une quarte devient une quinte et vice-versa. Le centre de symétrie est une note du clavier qui varie dans le courant de la pièce. La réflexion peut aussi intervenir avec un retard variable.
Mercure. Il s’agit d’une sorte de scherzo dans lequel le pianiste déclenche des arpèges à différentes vitesses. Le tempo des arpèges dépend soit du tempo de certains groupes de notes jouées par le pianiste, soit de la hauteur, soit de l’intensité de son jeu. Les arpèges investissent l’espace des hauteurs un peu à la façon des formes d’un kaléidoscope.