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« Antony » : préservation collaborative pour la musique avec électronique fr gb

Pour un dépôt numérique distant d’environnements logiciels d’informatique musicale versionnés et la constitution d'une base de données documentaire


« If we consider the evolution of musical scores from a historical point of view, we can identify three periods. During the middle ages, music was notated in the form of manuscripts. After Gutenberg’s invention of the printing press, music was printed, and from the Renaissance up to the modern era we lived with printed material. Now, in our computer age, we use electronic files. Even if we cannot find a computer to run Music V, the files used with Music V are still printable and readable, and they can even be copied by hand. But what about things that are not printable—such as multimedia files, interactive installations, live-coding performances and even Web art, current art forms interacting with big data, cloud files? We are now becoming aware that this progressive dematerialization of the medium conveying musical information yields serious problems of preservation. »
[Alain BONARDI, Serge LEMOUTON, Laurent POTTIER & Jacques WARNIER, “On the Documentation of Electronic Music”, in Computer Music Journal, n° 42, 2018, p. 41-58]

« On s'est dit que l’on pourrait tout conserver, et on était persuadés d’avoir l’éternité devant nous. »
[Philippe MANOURY, in Pierre GERVASONI, “Musiques avec électronique : la peur du bug”, Le Monde, 10 mai 2021, p. 26]

L’expérimentation et la création musicales se sont, depuis la seconde moitié du XXe siècle, largement appuyées sur le développement des technologies numériques. Un corpus de milliers d'œuvres mixtes, utilisant des techniques et des technologies extrêmement diverses, a depuis été constitué. Les acquis de cette révolution qui touche aux supports de la création musicale, certainement la plus significative depuis l’invention de l’imprimerie, n’ont toutefois pas, contrairement aux fruits de l’invention de Gutenberg, la garantie d’être pérennes.
Intrinsèquement liée à la durée de vie de logiciels en perpétuelle évolution et de langages de programmation non-interopérables, la sauvegarde d’une œuvre mixte ne dépend que de la capacité de rares personnes, réalisateurs en informatique musicale ou compositeurs, à mettre à jour les patchs, au gré de la reprise d’une œuvre - conditionnant ainsi la pérennité d’une œuvre à son interprétation. À ces difficultés inhérentes aux formats des œuvres utilisant des technologies numériques s’ajoute une problématique de conservation et de diffusion : à l’exception de la base de données Sidney, archive numérique des œuvres mixtes créées à l’IRCAM, aucune initiative institutionnelle pérenne n’a permis d’organiser systématiquement la conservation des patchs tant pour leur sauvegarde que pour leur mise à disposition des artistes et des chercheurs.

En réponse au risque important qui pèse sur un pan entier du patrimoine musical des dernières décennies est né le projet Antony, dont la finalité est de développer une plateforme collaborative pour la sauvegarde et le partage du patrimoine musical utilisant des technologies numériques.

Suite du projet porté par le groupe de travail « Archivage collaboratif et préservation créative des œuvres de musique numériques » financé par l’AFIM (Association Francophone d’informatique Musicale) :  http://preservation.afim-asso.org/doku.php

Le groupe de travail hérite de nombreuses initiatives et projets de recherches initiés ces dernières années pour la sauvegarde du patrimoine de la musique utilisant les technologies numériques. Concernant la musique électroacoustique sur support, des campagnes d’inventaires et de numérisation ont pu sauvegarder une partie des œuvres emblématiques du répertoire. De nombreux dépôts sauvegardent des versions de ces œuvres tels que la base de données électroacoustique de SEAMUS (The Society for Electro-Acoustic Music in the United States), la mediaartbase du ZKM (Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe) issue de IDEAMA (CCRMA et ZKM), les archives du CCM (Center of Contemporary Music, San Francisco) ou les archives INA-GRM. D’autres fonds sont en cours de traitement tel que celui de l’EMS (Experimental Music Studio de l’Université de l’Illinois).

Collaborateurs :