infernalmachine

Des outils avancés pour la musique spectrale avec des bibliothèques de CMAO spécialisées dans Open-Music

Advanced tools for writing spectral music with specialized CAMC (Computer Aided Music Composition)

L'esprit des Dunes (1994)


Effectif :
Ensemble de 11 musiciens : 2 flûtes, hautbois, clarinette, cor, trombone, percussions, violon, alto, violoncelle, contrebasse
+ dispositif électro-acoustique
Bande/Electronique/Informatique réalisée à l'Ircam

Assistants : Serge Lemouton, Leslie Stuck

Création : 28 mai 1994, Espace de projection de l'Ircam, Paris
Interprète(s) de la création
Ensemble Intercontemporain, direction: Pascal Rophé
Durée : 18 minutes

Orchestre

Grâce aux progrès de la technologie, Murail est enfin en mesure de dépasser les rigidités pesantes inhérentes au travail sur bande, et d'effectuer une fusion plus souple, plus raffinée et plus sophistiquée entre le son instrumental live et l'électronique.

Dans cette oeuvre, le matériau sonore initial est dérivé de sons réels instrumentaux et vocaux : du Tibet, échantillons de rituels monastiques avec les sonorités caverneuses extraordinaires du chant des moines, les sonorités tout aussi pénétrantes des fameuses dung chen, trompettes rituelles, et la harpe hébraïque ; de Mongolie, la technique vocale du khöömi, par laquelle un chanteur unique produit simultanément une mélodie et un bourdon en accentuant les harmoniques successives d'une note fondamentale chantée dans les graves.

Ces sons ont été analysés par la méthode dite de «suivi de partiels» : en déterminant l'évolution paramétrique et l'amplitude des partiels de n'importe quel son donné, l'ordinateur peut stocker l'information analysée sur disque dur et s'en servir soit pour procéder à une resynthèse du son d'origine, soit comme base de modélisation pour de nouveaux sons.
La gamme des sons électroniques que l'on entend dans la pièce va ainsi de sons clairement audibles, relatifs aux échantillons source, à ceux déformés par traitement informatique, dont l'origine est loin d'apparaître avec évidence.

Cette méthode d'analyse permet une autre technique, celle de l'«hybridation» des sons, grâce à laquelle il est possible de produire un timbre nouveau en croisant soit les caractéristiques spectrales d'un son avec celles d'un autre, soit l'un des sons échantillonnés avec un autre (le chant tibétain et le khöömi mongol possèdent en fait déjà en commun un certain nombre de particularités timbrales), soit un son échantillonné avec le spectre de l'un des sons instrumentaux.

Cet ensemble de techniques permet non seulement d'élaborer la partie électronique, mais fournit également tous les paramètres de base relatifs aux hauteurs des instruments. Comme d'habitude Murail met l'accent sur la nécessité de faire fusionner timbre et harmonie, de manière à rendre toute différenciation quasiment impossible.