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Colloque international
"Ecoacoustique / électroacoustique : analyse, représentations, création, médiation"
29-30 janvier 2025 - Université Jean Monnet (Saint-Etienne) fr gb

Entrée libre sous réservation : LIEN

Présentation

Depuis les années 1950, les compositrices et les compositeurs de musique électroacoustique ont créé des œuvres à partir de sons provenant de sources variées, tels que les sons de la nature ou ceux des mondes urbains ou industriels. Pour manipuler et transformer ces sons, ils et elles ont développé de nouveaux outils de traitement du signal. Les musicologues ont par la suite cherché des moyens techniques permettant d’étudier ces nouvelles œuvres musicales, sans partitions, ces musiques faites de sons et non plus de notes. Pierre Schaeffer, pionnier de la musique concrète[1], a tenté, dès les années 1950, de décrire les qualités du son. Les acousticien.nes ont mis au point des outils pour le représenter graphiquement, pour analyser des sons instrumentaux et comprendre leur perception par l’être humain. Aujourd’hui, un ensemble de descripteurs permet d’effectuer des mesures sur des sons complexes en tenant compte de la perception humaine.

En parallèle, des chercheur.euses se sont penché.es sur les environnements sonores qui nous entourent afin d’étudier les effets sur notre histoire et sur nos comportements. Raymond Murray Schafer en est le pionnier.

Murray Schafer proposait alors le « Projet Mondial d’Environnement Sonore », un vaste champs d’études qui comprenait l’inventaire des sons disparus ou en voie de disparition, l’analyse de la représentation du son dans la littérature, des nouveaux sons, l’analyse des structures des programmations radiophoniques, l’analyse des bruits technologiques (sifflets, sirènes, usines, klaxons, téléphones, etc.), les problèmes de notation, de définition, de morphologie, l’analyse du bruit ainsi que les aspects légaux de la pollution sonore.[2]

Avec son ouvrage « The Tuning of the World [3] », Murray Schafer a introduit le terme de paysage sonore, en faisant référence à la fois à des environnements sonores réels, observables dans la nature ou dans tout autre type de lieu, ou à des compositions musicales réalisées avec une certaine intention.

Dans son article sur "Le réalisme en musique" paru en 1960 [4], François-Bernard Mâche indiquait que « les significations anecdotiques des sons bruts ne sont pas un obstacle infranchissable à leur utilisation musicale », et il proposait « de créer un art de phonographies réalistes », un art « où des éléments sonores quelconques, enregistrés avec la plus grande fidélité, seraient assemblés, avec le moins possible de découpages, en fonction de critères musicaux et à l'exclusion de toute intention évocatrice, pittoresque ou dramatique. »

Les chercheur.euses en bioacoustique s’intéressent depuis des décennies à l’étude des sons de la nature. Mais cette discipline a évolué comme l’indique Jérôme Sueur :

La bio-acoustique cherche […] à comprendre le rôle [des] sons pour la vie et la survie des animaux, qu’ils soient mouches, crapauds, éléphants ou baleines. Nous en savons aujourd’hui beaucoup sur les chants nuptiaux, les cris familiaux ou encore les batailles sonores que se livrent proies et prédateurs. Mais, depuis quelques années, les scientifiques écoutent la nature d’une autre oreille. Au lieu d’enregistrer les animaux solistes, ils captent l’orchestre, c’est-à-dire tous les sons émergeant d’un paysage naturel – une forêt, une rivière, un océan. De ces entrelacs sonores, ils extraient des informations essentielles au suivi et à la protection de la biodiversité. Cette nouvelle écoute scientifique constitue le cœur d’une jeune discipline : l’éco-acoustique.[4]

En mai 2024, Adèle de Baudouin a soutenu une thèse de doctorat, une recherche transdisciplinaire sur l’étude des paysages sonores, combinant des outils et des méthodes d’éco-acoustique et d’électroacoustique. Son projet a mis en évidence les similitudes et les complémentarités des chercheurs.ses des deux disciplines. De plus, il a démontré l’importance des échanges d’informations grâce aux expertises développées par chacun dans leur spécialité.

L’objectif de ce colloque est donc de prolonger ces collaborations à travers des conférences et des ateliers pour partager des méthodes de recherche et encourager de futures collaborations entre ces disciplines.

[1] Pierre Schaeffer (1952), A la recherche d'une musique concrète, Paris : Seuil, 232 p.

[2] Luana Stan, Le Paysage sonore de Murray R. Schafer, 2012. <https://www.academia.edu/1478122/2012_Le_Paysage_sonore_de_Murray_R_Schafer>

[3] Murray Schafer, The Tuning of the World, A. Knopf, Inc. New York, 1977 (vf. Le Paysage Sonore, J. C. Lattès, New York, 1979).

[4] François-Bernard Mâche « Le réalisme en musique (1960) » republié dans F.-B. Mâche, Entre l’observatoire et l’atelier, editions Kimé, Paris, vol. 1, 1998, p.69-76.

[5] Jérôme Sueur, « THE CONVERSATION - L’éco-acoustique, écouter la nature pour mieux la préserver », 13 février 2020. <https://theconversation.com/leco-acoustique-ecouter-la-nature-pour-mieux-la-preserver-129376>

Comité scientifique et organisation

Intervenants prévus

Contact : Laurent Pottier <laurent.pottier@univ-st-etienne.fr>

Secrétariat du laboratoire ECLLA et du colloque : Nadine LEVEQUE-LAIR <nadine.lair@univ-st-etienne.fr> 04 77 42 16 66

Ce colloque est organisé par le laboratoire ECLLA en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’équipe de Neuro-Ethologie Sensorielle (ENES) et le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC)